Activité physique et nutrition

Bulletin 54 -

Améliorer les capacités physiques des malades

Fatigue, douleurs, neuropathies, troubles du sommeil, perte de masse musculaire, d’autonomie… La maladie et les effets secondaires des traitements peuvent détériorer les capacités physiques du malade. Il existe de nombreux soins de support pouvant atténuer les symptômes.

Entretien avec Laura CROUSSE, enseignante et praticienne en activité sportive à la CAMI Sport & Cancer en APA & Johanna CHRETIEN, infirmière référente en oncologie, à l’Institut Mozart de Nice.

 

Quelles sont les conséquences physiques du myélome multiple sur les malades ?

«L’impact physique de la maladie va surtout se ressentir sur le plan physiologique, avec une asthénie importante, un risque infectieux, une fonte musculaire, des douleurs osseuses, articulaires, mais les traitements vont aussi provoquer des effets  secondaires, telles des neuropathies». 


Quels sont les bénéfices de l’Activité Physique Adaptée(APA) ?

«L’APA va jouer un rôle important sur les symptômes de la maladie mais aussi sur les effets secondaires des traitements. Elle va lutter contre la sédentarité, la fonte musculaire, la sarcopénie. La CAMI Sport & Cancer a développé une méthode spécifique pour accompagner les patients atteints de cancer, basée sur l’étude du mouvement, qui vise à reconstruire l’équilibre du système musculosquelettique et ainsi permettre au patient d’être de plus en plus libre de ses mouvements.

La fatigue est le premier symptôme évoqué par les malades. Le seul traitement reconnu par les études scientifiques pour réduire cette fatigue chronique est l’activité physique. De plus, le praticien s’adapte à chacun, il va moduler l’intensité de la séance en fonction de l’état de santé du malade. L’activité physique va aussi provoquer une «bonne fatigue», le repos qu’elle va nécessiter, va régénérer de manière beaucoup plus importante le corps et permettre de casser cette boucle ‘inactivité-fatigue’ qui se forme.

L’APA permet aussi de lutter contre les troubles du sommeil. À souligner qu’il faut éviter de pratiquer une séance de cardio en fin de journée, mais plutôt calmer l’intensité de son corps et sa fréquence cardiaque afin de se mettre dans de bonnes conditions pour favoriser le sommeil.

Au-delà des bienfaits physiques, l’APA va être très bénéfique sur l’estime de soi, elle va permettre au patient de se réapproprier son schéma corporel. Sa pratique va aussi encourager les malades à s’écouter et à connaître leurs limites ».


Quelles activités physiques adaptées peut pratiquer le malade ?

« Un bilan préalable est important afin d’adapter les activités  et les mouvements en fonction de l’état de santé du patient et d’identifier les activités contre-indiquées. Quand je reçois de nouveaux patients, j’établis un programme d’APA et nous déterminons ensemble des objectifs thérapeutiques. C’est un véritable engagement mutuel.

En phase aigüe, l’objectif est de diminuer les effets secondaires des traitements. Les mouvements du quotidien représentent la 1ère étape pour reconditionner le malade, il faut lui réapprendre ces gestes, avec de la mobilité et du renforcement musculaire basique. C’est une reprise d’autonomie et non une reprise d’activité.

Les malades qui sortent de l’hôpital après une autogreffe voient leurs repères complètement faussés, par exemple préparer un repas debout devient une contrainte et engendre une fatigue énorme, il s’agit de les aider à reprendre confiance en eux dans leur milieu. Ce que le malade apprend à faire en unité protégée est une base sécure qu’il pourra reprendre une fois chez lui.

En cas de fonte musculaire, nous proposons du renforcement musculaire, mais aussi du Pilate, car les exercices se font en douceur. Le yoga est très indiqué dans les pertes de mobilité et d’équilibre. Pour les malades souffrant d’essoufflements et de déconditionnement à l’activité physique, nous leur conseillons d’aller marcher, parfois simplement d’aller chercher leur baguette !

La seule limite au type d’activité physique pour les malades, c’est eux-mêmes. Ils peuvent marcher, nager, faire du vélo, énormément d’activités peuvent être pratiquées. Il faudra cependant éviter les activités avec impact en cas de lésion osseuse. Nous accompagnons les malades à ressentir leurs efforts dans la pratique de l’activité pour qu’ensuite ils arrivent à retrouver de l’intensité».

 

Le témoignage d’Andrée

Diagnostiquée en 2017, Andrée est en rechute depuis eux ans. Agée de 78 ans, Andrée a toujours été très positive et très dynamique. Sportive, c’est en écoutant la radio qu’elle a entendu parler de l’ouverture de l’Institut Mozart. Elle a pu bénéficier de nombreuses activités physiques pendant un an : vélo, gymnastique, marche nordique, yoga… «J’avais perdu du muscle sur le haut du corps, la gymnastique m’a permis de le remuscler. Je faisais beaucoup de vélo avant le myélome et pendant mon autogreffe, ce qui m’a évité de perdre les muscles de mes jambes». Elle a également bénéficié de séances de réflexologie qui ont soulagé ses neuropathies, mais aussi de soins de socio-esthétique, d’ateliers d’art thérapie et de cuisine où elle a appris à confectionner des gâteaux à base de céréales et fruits secs. «Ces séances ont été très bénéfiques, elles m’ont apporté du bien-être et du soutien. Comme j’étais en forme, j’ai préféré laisser ma place aux nouveaux malades, qui en ont besoin». Andrée continue à pratiquer du sport, à aller marcher sur la promenade des Anglais.

 

INITIATIVE EN RÉGION: l’Institut Mozart à Nice

L’Institut Mozart, en partenariat avec le Centre Lacassagne, est un lieu ressource pour les personnes touchées par le cancer et leurs aidants. Il propose gratuitement des soins de support variés : ateliers culinaires, APA, socio-esthétique, sophrologie, réflexologie, méditation, art-thérapie, etc.
«Grâce à une approche pluridisciplinaire et à l’expertise médico-sociale de la collectivité territoriale, nous construisons des ateliers d’éducation thérapeutique adaptés. Les patients bénéficient des activités sur une période définie, puis peuvent être orientés vers d’autres structures pour poursuivre certains soins de support. Notre objectif: les aider à mieux vivre la maladie, en identifiant les leviers qui améliorent leur qualité de vie», explique Johanna Chrétien.

 

Pour en savoir plus

  • L’Institut Mozart : https://mozart.departement06.fr/

  • La CAMI Sport & Cancer propose des séances d’activité physique thérapeutique, à l’hôpital, en ville, à proximité du lieu de vie du patient ou en vidéo, pour les malades en traitement ou rémission, permettant une prise en charge adaptée et sécurisée. Une équipe mobile est présente dans les territoires isolés : https://sportetcancer.com/

  • ‡https://www.sielbleu.org/

 

 

 

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